La main d’une mère relevant avec nonchalance une mèche de cheveux sur le front de son enfant lègue à celui-ci une douceur qu’une vie entière n’épuisera pas
« Abigaël » vient de l’hébreu abiigayil qui signifie « joie de son père », « mon père est joie », « père de l’enthousiasme ». Quelle ironie ! Allons, point de sarcasmes. Vous me direz que l’amour filial ne l’étouffait pas. Mais de là à penser que son père était un sagouin ! Et l’on vient quelquefois à trouver mille charmes aux fuites d’un hymen commencé dans les larmes ! Souvenons-nous que Jésus n’a jamais fait preuve de tendresse filiale. Il fallait que l’humanité eût bien soif d’idéal féminin pour diviniser Marie, celle à qui son fils avait dit : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » C’est pour cette raison que la petite Abigaël grandit auprès de son unique parent, sa maman. Elle est si fière d’elle, et la fierté filiale, cela peut servir aussi à former une conscience. Un caractère.
Abigaël est un véritable rayon de soleil et elle mérite bien mieux que cela ! Elle est sa « source de joie ». De son sourire espiègle, lutin, elle se fait très bien comprendre : maman est absolument sous le charme. Aussi la pensée et l’amour seuls remplissent la vie. Ce qui a manqué à cette jeune maman c’était un noble but, une grande passion, une oeuvre sacrée, une haute espérance, un devoir solennel accepté, une foi pure et profonde en la vie, un objet de dévouement digne d’absorber ses jours, ses vœux et ses forces, ce qui lui manquait, c’était l’abandon filial… C’était elle, cette petite chose si frêle et si délicate. Par elle, cette passion se perpétuait. Au-delà d’elle, maman s’épanouissait. Elle était sa racine, et elle, son refuge. S’il est dans le coeur d’une femme un sentiment désintéressé, c’est l’amour maternel. Notre tendresse pour nos enfants est indépendante de la réflexion; nous les aimons parce qu’ils sont nos enfants; leur existence fait partie de la nôtre. le bonheur que l’on leur doit résulte de tout ce qui leur est utile, de tout ce qui les intéresse; il naît de leur santé, de leur gaieté, de leurs amusements, on leur sait gré de leurs plaisirs. « Oh! Mon amour, clamait Victor Hugo, n’est point comme un jouet de verre/Qui brille et tremble; oh non! c’est un amour sévère/Profond, solide, sûr, paternel, amical » dans Hernani.
Peu après avoir montré le bout de ton petit nez, chère Abigaël, maman a perçu de suite une amorce de sourire. Ceci est certes un mouvement spontané, mais signe néanmoins de satisfaction, de bien-être après la tétée ou après le sommeil. Comme l’on dit : tu as souri aux anges ! Mais c’est seulement à un mois que tu as véritablement souri à maman! Tu as répondu à son sourire et au son de sa voix philanthrope. Là, tu as plissé tes jolis yeux pers. Il y a peu, tu as sorti ta première dent et pourtant, tu ne t’es jamais plainte, tu gardes toujours le sourire, bébé d’amour! Dans le ventre de maman déjà, tu suçais ton pouce. Qu’est-ce que cela pouvait la faire rire ! Encore aujourd’hui, il t’apaise et te rassure. Maman sait que l’ouïe est le sens le plus développé chez un nourrisson ou chez un jeune bébé. Elle n’a de cesse de te parler, de te raconter une histoire différente chaque soir. Aussi ton frère et ta sœur sont nés avec des cheveux. Ce qui chatouillait le ventre de maman pendant ses grossesses. Mais, toi, tu as fait le choix inverse. Tu arborais un duvet blond presque invisible. Maman a hâte de te faire de jolies petites couettes. Et ton jeu favori : faire des bulles ! Avec ta salive, tu formes de petites bulles qui restent un instant suspendues au bord de tes lèvres. Et tu sais que cela fait rire maman, ces petites bulles d’air prêtes à éclater à tout moment. Elle sait que tu affines ton jeu afin de l’amuser. Enfin, espiègle et polissonne, tu tires très souvent la langue.
Voilà ! Tu entames déjà ton premier semestre de vie. Maman n’a rien vu passer ! Il y a peu, tu t’es mise assise toute seule ! Quelle révolution ! La fête du progrès ne s’arrête jamais, elle nous épargne la double impasse de l’angoisse, il n’y a pas de vide et de saturation car le désir est sans cesse relancé.
Maman t’aime chérie. Je t’aime ma chérie !
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