Ecrire pour ne pas mourir (petite leçon de littérature)

« On écrit pour ne pas mourir entièrement, pour ne pas mourir tout de suite puisque tout dépérit. Et je crois que parmi toutes ces raisons, les deux raisons les plus fortes d’écrire sont bien celles-ci : faire partager aux autres l’étonnement, l’éblouissement d’exister, le miracle du monde et faire entendre notre cri d’angoisse à Dieu et aux hommes, faire savoir que nous avons existé ».(Eugène Ionesco).

Il faut regarder les pages comme on regarde une personne aimée, suivre les lignes du doigt sans essayer d’en déchiffrer l’écriture. Pareil à un animal familier, le livre a besoin d’être apprivoisé. Il faut le humer, le toucher, le caresser dans le sens du poil pour le connaître.

« J’écris comme je lis, pour essayer de vivre mieux, dans tous les sens du mot « mieux »: pour sentir plus de choses, et plus profondément pour observer mieux et plus attentivement, pour comprendre mieux les gens et les choses, pour y voir plus clair et me tirer au clair, pour donner et recevoir, recevoir et donner, pour « faire passer », pour tenter de savoir vivre et apprendre à me tenir de mieux en mieux [...] La passion d’écrire, ce n’est pas une façon de vivre un peu moins pour créer un peu plus. Cela devient à un art d’éclairer (pour soi et les autres) un peu plus la vie, afin de vivre davantage ». (Claude Roy).

« Je lis pour faire sa place à la douleur. Je lis pour voir, pour bien voir – mieux que dans la vie – l’étincelante douleur de vivre ». (Christian Bobin)

« Je n’écris, pour ma part, ni un roman ni des Mémoires. J’essaie de comprendre le peu que j’ai fait et comment tout cela s’est emmanché. Je n’écris pas pour passer le temps ni pour donner des leçons. Je n’écris pas pour faire le malin ni pour ouvrir, comme ils disent, des voies nouvelles à la littérature. Pouah ! Je n’écris pas pour faire joli ni pour défendre quoi que ce soit. J’écris pour y voir un peu plus clair et pour ne pas mourir de honte sous les sables de l’oubli ». (Jean d’Ormesson)

« Donc voyez, j’écris pour rien. J’écris comme il faut écrire il me semble. J’écris pour rien. Je n’écris même pas pour les femmes. J’écris sur les femmes pour écrire sur moi, sur moi seule à travers les siècles ». (Marguerite Duras)

« J’écris pour qu’on ne puisse pas ensevelir les morts sous le silence et les assassiner ainsi une nouvelle fois. J’écris pour qu’ils revivent un jour ». (Max Gallo)

« J’écris parce que je n’arrive pas à être heureux, quoi que je fasse. J’écris pour être heureux ». (Orhan Pamuk)

« J’écris pour être aimé, longtemps après ma mort, comme j’ai aimé Dickens. J’écris pour faire du bien, comme Jack London m’a fait du bien, à quelques individus que je ne connaîtrai jamais, dont les pensées ne seront pas les miennes, qui vivront dans un monde que je ne puis concevoir. » (Pierre Gripari)

« Je voudrais écrire comme je t’aime. En une très longue lettre. Je voudrais faire ce progrès vers toi, réduire autant que c’est possible la distance entre nous, l’ignorance qui la cause […] J’écris pour être lucide, j’écris pour mieux t’aimer. Ce ne sont pas des raisons d’écrivain, mais des raisons d’amoureuse ». (Mireille Sorgue)

« Réveille-toi, essaie de comprendre. C’est pour cela que j’écris ces lignes. Car je suis le type même de l’homme incapable de comprendre les choses tant qu’il n’a pas essayé de les mettre en mots ». (Haruki Murakami)

«  Ah ! Ma chérie, qu’est-ce que le style ? Vous savez, je ne sais même plus ce que j’écris, je ne sais plus rien, je ne me relis même pas, je ne me corrige pas, j’écris seulement pour écrire, pour m’entretenir avec vous un peu plus longtemps… » (Fiodor Dostoïevski)

« Est-ce que je t’écris pour te ressusciter ou pour te tuer à nouveau ? » (Annie Ernaux)

« J’écris non pas pour raconter des histoires, mais pour construire des histoires ». (Orhan Pamuk)

« Je n’écris que pour mon ombre projetée par la lampe sur le mur il faut que je me fasse comprendre d’elle ». (Sadegh Hedayat)

« Je ne sais pas et j’écris pour savoir, je vous écris ces lettres qui n’égaleront jamais en pureté le simple fait de votre existence : écrire, c’est avoir une très haute conscience de soi-même, et c’est avoir conscience que l’on n’est pas à cette hauteur, que l’on n’y a jamais été ». (Christian Bobin) « 

Pour ma part, je prends la plume pour me délester, pour me soulager, par les mots de tous les maux. Je n’écris pas pour que l’on me lise mais pour que l’on me devine, afin que nous nous rencontrions au méandre d’une phrase. L’écriture est un sanctuaire que je n’ose à peine effleurer. Quand bien même je l’évoquerais, je ne ferais que la caresser. Grâce à elle, j’existe. Grâce à elle, je me fais entendre. Mais à côté d’elle, je suis toute petite. Elle me fera grandir, je l’espère, tant elle m’a déjà bercée, apaisée, illusionnée, emportée. Elle me donne le goût de la vie, et celui d’aller vers autrui.

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