Le visage de la haine

Il faut frapper.  Écraser. Faire voler en pièce le mensonge.  Ce silence ignoble. Inonder de lumière.  Extraire cette vérité que ce salaud là a dans la gorge. La vérité,  la justice.  Pour quoi faire ? Le tueur ? A qui ça sert? Ce n’est pas pour lui.  Ça ne le regarde plus.  C’est pour savoir.  Taper dessus jusqu’à ce qu’il éjacule sa vérité,  sa pudeur,  sa peur,  le secret de ce qui le faisait hier tout puissant,  inaccessible,  intouchable… Mais qui m’ont détruite. Quand on est las, las à pleurer du matin au soir,  à ne plus avoir la force de se lever pour boire un verre d’eau, pas des visages amis trop souvent vus et devenus irritants,  des odieux et placides proches qui vous reprochent votre geste de désespoir,  des choses familières et monotones,  de son appartement,  de sa rue, de la régularité des repas,  du sommeil dans le même lit, de chaque action répétée chaque jour, las de soi-même, de sa propre voix,  des choses que l’on répète sans cesse,  du cercle étroit de ses idées,  las de son visage vu dans le miroir,  il faut partir,  entrer dans une vie nouvelle et changeante. Ce qui était beau devient laid parce que la personne  qui embellissent votre vie vous a trahi ? Les êtres nobles aiment rarement la vie, ils lui préfèrent les raisons de vivre et ceux qui se contentent de la vie sont toujours des ignobles.  Aujourd’hui je me révolte: mais ce n’est pas la révolte en elle même qui est noble,  mais ce qu’elle exige,  même si ce qu’elle obtient est encore plus ignoble. Jamais,  dans mes frustrations,  tout ce qui fait de moi une femme m’interpelle avec plus de rageuse et vaine sauvagerie ce qu’à défaut du mot plus ignoble nous appelons le destin: cette bataille perdue qu’il ne nous est même pas permis de livrer. Comme je peux le haïr cet homme ! Yohann ! Avec son ignoble insulte à la crédulité humaine ! J’ai,  comme jamais auparavant,  vu à nu le visage de la haine.  Je l’ai rencontré.  Mais elle revêt son pire visage quand elle se parle du masque de l’hypocrisie.  La haine furieuse fait peur.  J’ai peur.  C’est cet homme qui était ignoble à « lire ». Le misérable.  Je me manifeste, vite,  vite en être, vite en dire. Mais mon refus de voir la vérité en face est trop forte.  Certains périssent de leur générosité,  d’autres de leur ingratitude ; ils s’entre-déchirent pour les mêmes raisons,  chacun dans son camp, et dans cette ignoble mise en scène,  une personne souffre. L’homme est un animal pour la femme,  il est haïssable et l’enfer est ce qu’il mérite.  Qu’y a-t-il en effet de plus bas, de plus répugnant que cet acte ordurier et ridicule que de couper court à une relation amoureuse par le biais d’un simple et seul SMS contre lesquels les âmes délicates sont révoltées ? La bêtise qui découle de ce geste pleutre,  l’infamie,  la pensée ignoble sont les sanies d’une sensibilité blessée.  Il préfère s’enivrer au lieu d’en diagnostiquer les causes afin d’y porter remède. Là où le langage (SMS) est ridicule,  les habitudes grossières,  le désordre habituel et la mine impertinente, pouvez-vous espérer découvrir un grand coeur et un grand esprit ? Non. L’ignoble lui plaît et il s’y complaît. C’est le sublime d’en bas. Pour lui, le cynisme est une nouvelle chose,  en cela qu’étant la charge du vice il est en même temps le correctif et l’annihilation par l’alcool.  Yohann a voulu se faire Dieu,  il s’est arrogé le droit de vie ou de mort sur l’autre.  Fabricant de cadavre, lâche,  il est un sous-homme lui-même et non Dieu, mais serviteur ignoble de la mort : »Sors de ma vie, ouest, hors d’ici !Quitte ce lieu que tu déshonores de ton odieuse présence  » m’a-t-il écrit.  Pour quelles  raisons ? Seul lui le sait. J’avais déjà le pressentiment que ce monde était formé à l’ignoble image  des équarrissoirs. Voici bien là une histoire désobligeante ! Comme le chantait Du Bellay : » Fais que l’humeur savoureuse de la vigne plantureuse,  aux rais de ton œil divin,  son nectar nous assaisonne, nectar tel comme le donne, mon doux vignoble angevin « . S’il m’appelait « mon ange » auparavant,  c’est dorénavant la bière qui le contente. Attention Yohann,  la vengeance n’est pas un mobile ignoble lorsqu’elle sert à des fins utiles! Et réduire « ses adversaires  » au silence n’est pas les convaincre,  mais seulement les embarrasser, avantage ignoble. Jean Rostand était plus optimiste envers les lâches de ton espèce car il affirmait que « savoir reconnaître l’humain jusque dans l’inhumain  » était possible et de rajouter que « l’ignoble est souvent du noble mal tourné « . Certes tu as effectivement mal tourné ! Tu as rassasié tes instincts les plus vils : la vocation tribale,  la volonté de domination,  la dissolution du « nous » en tant que couple. Tu as le vice et la laideur morale. Ils apparaissent souvent chez des gens de coeur et d’intelligence dans un cas difficile et angoissant comme dans une tragédie : ils sont pris entre le goût héréditaire de la moralité et le goût tyrannique dune d’une femme qu’il faut mépriser.  De ce genre d’individu ne jamais attendre de récompense, une béatitude.  Il faut opposer des ondes nobles aux ondes ignobles.  « Il n’y a rien de plus petit sur la terre qu’un gredin qui côtoie toute sa vie le beau sans jamais y débarquer et y planter son drapeau « … »Debiter des bouffonneries joviale ou lugubres en vue du bruit, c’est là la plus ignoble des prostitutions » clamait Gustave Flaubert. Il a pour lui désormais l’argent,  l’agio, la banque,  la bourse,  le comptoir, le coffre-fort,  et tous les hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que la honte. Quelle misère que cette joie des intérêts et des cupidités … Ma foi, vis ainsi, Yohann… Reste bien calé entre ta connerie et ta stupidité..  et bon vent!

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