Mon âme fragile et meurtrie

« Celui qui aime va à la chose aimée comme les sens vont à la chose sensible  » (Léonard de Vinci). Caroline venait de se faire larguer par la personne aimée. Sa sensibilité a dès lors été mise à rude épreuve.  Il était sa seule famille avouée,  elle voyait par ses yeux le monde et c’était lui qui lui rendait cet univers sensible et qui donnait sens à sa vie et aux sentiments humains. Du jour au lendemain,  elle se retrouva seule.  Seule avec elle-même.  Loin d’être la femme forte que l’on croyait, elle s’est subitement décomposée et sentie extrêmement émotive et fragile.  Elle regrettait la douceur de l’amour passionnel.  Elle se sentie à la fois exilée et malheureuse.  Voltaire disait que : »si l’on est pas sensible,  on n’est loin du sublime ». Mais qu’est-ce que ça fait mal ! Elle ne vivait que pour l’aimer,  l’aimer pour souffrir,  souffrir pour mourir, voilà le sort de l’être émotionnel.  Elle attenta à sa vie.  Mais la mort, elle-même,  n’a pas voulu d’elle ! Elle ne savait plus où était sa place.  Désorientée,  elle se sentit perdue. Selon André  Langevin : « L’amour est l’expression la plus sensible de cette tentative de communication dont nous sommes tous victimes « . Plus l’amour est parfait,  plus la folie est grande et le bonheur aimable.  Mais une fois démunie de cet amour,  Caroline sentait monter les larmes en regardant les photos de Yohann.  Le cœur le plus attaché à la beauté des fleurs est toujours le premier blessé par les épines.  Elle était redevenue une enfant affectée à  l’âme fragile et meurtrie. Les larmes sont devenues pour elle la seule musique à laquelle le coeur est sensible.Il faut croire que l’homme de ce temps à le coeur dur et la tripe sensible.  La conscience du désir était une part d’elle que la conscience lucide et évidente ravive.Elle avait la peau de l’âme très charitable.  Il faudrait apprendre à son âme à marcher pieds nus. S’y faire une corne. Se répéter la sentence chinoise : »rétrécis ton coeur « . Toutefois Caroline avait le coeur lourd. Aussi quand un homme frappe dans le coeur dune femme, elle ne manque pas de trouver l’endroit sensible, et la blessure est incurable.  Pour Yohann,  c’était L’ALCOOL.  Il disait toujours: « C’est le week-end ! jusqu’au jour où il lui a demandé de l’aide. Mais ceci est derrière elle maintenant.  Elle doit se battre,  elle doit s’alimenter et réapprendre à sourire. Une chose : ne jamais jouer avec les mots comme par exemple « je t’aime « car Caroline y était très sensible et y avait cru… venant d’un monstre d’égoïsme ! Aussi le sourire est le signe le plus délicat et le plus altruiste de la distinction et de la qualité de l’esprit. Si elle, lavait toujours gardé jusqu’au fameux soir de la rupture,  lui (à jeun) le perdait bien trop souvent.  Toutes femmes d’amour restent une femme de douleur.  Elle était plus sensible aux contes de fées qu’aux comptes de faits. Lui était tout le contraire  : un rapia. Comment ne pas être si affectée ? Surtout lorsque sa vie ne tient qu’à un fil ? Au moins,  on dit que « l’anxiété sensible vide le foie de l’égoïsme « ! Aussi dans la mesure où Caroline a fait une tentative de suicide (TS)après avoir reçu le message de rupture de ce sous-homme,  côtoyer la mort la transformation, profondément,  durablement. Elle est devenue plus charitable,  plus tolérante,  plus ouverte aux autres.  Néanmoins elle ne se leurre pas: »tout ce qu’il ne me tue, me rends plus forte  » C’est une connerie… du moins dans son acception banale et contemporaine.  Au quotidien,  la souffrance n’endurcit pas. Elle sera. Fragilise. Affaiblit. L’âme humaine n’est pas un cuir qui se tanne avec les épreuves.  Cest une membrane sensible, vibrante,  délicate.  En cas de choc,  elle reste meurtrie,  marquée,  hantée.  Quand on a,  comme Caroline, épuisé tous les possibles,  que reste-il? L’impossible.  Et pourtant elle était prête à l’aider : lui venir en aide,  c’était pour elle se montrer attachée aux souffrances de Yohann.  Nonobstant il s’avère que l’amour soit le plus sûr et le plus sensible réactif de l’individualisme. Le problème avec elle était que l’individu émotionnable est rarement raisonnable  (TS) ou il l’est du moins que quand cela lui convient; car en fait de règles,  il n’aime que celle qui s’impose à lui-même,  les sentiments seuls sont les maîtres.  Approchez votre oreille,  vous y entendrez murmuré semblable au bruissement lointain de l’océan.  Et nul n’est plus sensible à la peine  d’autrui que celui qui a déjà souffert. Un cœur sensible sympathise avec toutes les peines d’autrui.  Sauf que Yohann,  lui, se préservait et donc préférait égoïstement faire du mal autour de lui, plutôt que de souffrir lui-même : pleutre, lâche… « Je me protège,  donc je te quitte ! » Et comme il a très peu de caractère,  il se laisse embobiner par les commérages véritables ou inventés  pour se forger une opinion. Raffiner notre esprit, rendre notre cœur plus délicat et plus sensible, c’est multiplier en nous les causes de souffrance.  Les blessures les plus douloureuses sont bien celles du cœur.  Le bonheur de Yohann,  passant avant celui des autres, est altéré par l’aspect de la plus légère souffrance,  c’est pour lui le pli de rose du Sybarite.  Pour ce qui est de Caroline, son cœur est comme un nid sur un arbre découronné par l’hiver,  fait songer au cœur trop sensible à un vieillard  d’où les amours ont fui et qui les rappelle en vain.  A vouloir retrancher au malheur d’autrui,  y maintient son propre bonheur.  Pendant ce temps au milieu de sa chambre,  assise dans le noir, Caroline lève les yeux,  ses yeux continuellement sceptiques,  cernés,  comme on le sait, par la meurtrissure inguérissable et congénitale de la perte sentimentale.  Certes la blessure cicatrise, on oublie la douleur.  Néanmoins même qui la blessure guérit,  la cicatrice demeure. Quant à l’indifférence de Yohann vis-à-vis de la souffrance de Caroline, c’était la cerise sur le gâteau. La guérison n’est jamais si prompte que la blessure.  Attendre, espérer… silence… si dure torture, si grand choc. La larme dans l’oeil  et la blessure  dans le coeur.  De plus, aussi longtemps que l’on médite sa vengeance,  on garde sa blessure ouverte. Chez Caroline,  elle restera longtemps béante. Ne avait-il donc pas mieux la guérir plutôt que de se venger ? Mais par quels stratagème ? Les dents ont beau sourire,  l’âme sait la cassure et l’atteinte qu’il porte. Mais l’épreuve c’est  l’absence,  pas la blessure de vanité.  Elle restera toujours vive, elle est là,  écrite sur son téléphone,  où l’on peut voir encore des larmes et du sang.

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