Une utopie est une réalité en puissance.

Sans utopies, aucune activité véritablement féconde n’est possible.  Rêvons,  songeons, laissons-nous voyager par la pensée et vivre par procuration ! Selon Jean-Claude Carrière : » une société sans pensée utopique est inconcevable.  Utopie au sens du désir du bien « . Nous rêvons tous d’un monde meilleur,  dans lequel chacun serait respectueux de l’autre.  Ne pas blesser autrui,  vouloir son bonheur,  sans fauter. Un monde sans fausse note : c’est une utopie qui chante.  Sophia hait l’idée d’une Aube nouvelles où les homos sapiens vivraient en harmonie, car l’espoir de cet imaginaire suscite à justifier les plus sanglantes exterminations de l’Histoire.  Elle était une grande rêveuse.  Elle avait un grand coeur et voulait son bien,  mais aussi celui des autres.  Elle se souvint de la Genèse et du jardin d’Éden.  Pourquoi sommes-nous tombés si bas ? Pourquoi tant de fléaux ? Elle espérait le Grand Amour,  mais celui-ci se faisait désirer. Ou peut-être l’a-t-elle déjà vécu et celui-ci est malheureusement terminé. Le chimérique est toujours une affaire d’aube, de lève-tôt ou de rêveurs éveillés.  En fait,  il n’y a pas de grandes réalisations qui n’aient été d’abord utopies.  Lorsque l’on pense à l’Histoire,  il est vrai que l’utopie en est la matrice et la sœur jumelle de la révolte. Aucun grand changement ne s’opère sans elle. Aucune carte du monde n’est digne d’un regard si le pays du fantasme n’y figure pas.  Selon Jacques Attali : » L’utopie n’est que le nom donné aux réformes lorsqu’il faut attendre les révolutions pour les entreprendre « . La violence est-elle nécessaire à la réalisation de l’utopie ?

Selon Sophia,  ne pas faire de fautes et n’avoir que du succès reste une utopie.  Essayons tout de même de débattre sur ce sujet,  fautes ou non quelle importance ? Comme l’écrit Victor Hugo : » la volonté aboutit à un ajournement,  l’utopie ; la science aboutit à un doute,  l’hypothèse « . Tout serait question de volonté ? Pour Sophia,  la science et elle,  faisaient deux ! Quant à la politique,  elle la considérait effectivement comme telle,  soit un idéal d’obsessions,  imprégnée de concrète hallucinations.  On dit aussi que le mérite est à l’utopie ce que l’espoir est à la vanité.  En espérant,  nous ne faisons aucun mal.  Sophia pensait souvent à son ex-compagnon , avec beaucoup d’émotions.  Pour elle, celui-ci devait revenir un jour vers elle, ce serait pure utopie. Mais elle aime à le croire.  Toutefois lorsque l’illusion devient notre seule alternative réaliste,  c’est qu’il est grand temps d’agir ! Elle voulait faire un pas vers lui. Mais,  lui, de son côté,  était injoignable.  Peut-être devrait-elle lui écrire ? Mais la lettre finirait à la poubelle, soit tomberait entre de mauvaises mains et échouerait quand même à la poubelle.  Elle aimerait tant lui parler,  s’excuser,  s’expliquer,  tout lui dire. Mais l’indifférence et le silence ont pris toute la place. Guy Bélenger est assez sévère quant à ceux qui croient en l’utopie, car il déclare:  » que ce mot est utilisé pour désigner les choses impossibles par des personnes sans imagination « . Voilà qui est tranchant ! Est-elle vraiment larme du rêveur et l’obstacle du diplomate contemporain ? Est-elle un mensonge,  un songe qui ment, énormément ? Sophia devrait-elle tourner la page quand bien même elle n’en a pas envie ? Pourquoi l’homme moderne serait-il privé d’utopie ? Non ! Il vaut mieux avoir un bon phalanstère dans la tête qu’une mauvaise réalité en face de soi.  Mais si, tout fait a une cause et toute parole a un sens, le hasard est une utopie. Alors Sophia transforme leurs projets en mirages, leur avenir ensemble n’est qu’un escamotage ! Pour elle,  imaginer l’impossible c’est croire à l’utopie d’aujourd’hui qui sera, peut-être,  la réalité demain.  Selon Marion Colombani : » le désespoir est humain.  L’utopie est une chimère « . Et désespérée,  elle y était ! Elle ne pensait qu’à lui, il était toute sa vie. La vie justement,  ne vaudrait pas la peine d’être vécue sans rêve,  ni même illusionnisme. Or elle rêvait toute seule quand bien même,  lorsque l’on rêve à plusieurs c’est déjà une réalité.  L’utopie partagée,  c’est le ressort de l’Histoire.  Une société sans pensée utopique est inconcevable.  Utopie au sens de désir d’un mieux.  Sans elle, aucune activité véritablement féconde n’est possible.  Aussi Jacques Attali met un bémol en proclamant qu’ »elle est la volonté de modeler l’image de la société à partir d’un idéal éthique,  d’une certaine conception de la justice,  du bonheur,  de l’efficacité,  de la responsabilité « .

Ne pas faire de fautes et n’avoir que du succès reste un mirage : Sophia a essayé d’être la petite amie parfaite,  mais elle a échoué,  faute d’une dépression qui la poursuivait depuis des années.  Elle a essayé d’être souriante,  pleine de vie,  de la croquer à pleines dents,  mais cela était tellement difficile ! Une utopie est un projet réalisable,  mais qui n’a pas encore été réalisée.  Maintenant elle est prête.  Prête à aimer et à être aimée en retour. Cest dans les utopies d’aujourd’hui que sont les solutions de demain.  Et demain sera un autre jour,  meilleur pour elle. Elle ne sera plus seule,  il sera là.  Un idéal est une étoile à l’horizon d’une vie.  Même si nous ne pouvons l’atteindre,  l’essentiel sera ce que nous allons découvrir au bord du chemin.  La beauté qui sauvera Sophia,  c’est la générosité,  le partage, la compassion,  toutes ces valeurs qui amènent une énergie fabuleuse qui est celle de l’amour.  Elle entend par beauté celle qui s’épanouit en générosité,  équité et respect.  Celle-là seule est capable de changer le monde,  car elle est plus puissante que toutes les beautés créées de la main de dieu.  La vie n’est une belle aventure que lorsqu’elle est jalonnée de petits et de grands défis à surmonter,  qui entretiennent la vigilance,  suscite la créativité,  stimule l’imagination,  et pour tout dire, déclenche l’enthousiasme. Sophia a compris une chose essentielle : cest que la colère consume et nillumine pas.

P. : « Aime mon âme ! Elle sera avec toi toute ta vie »(Alphonse de Lamartine)