« L’idée de résister se perd, il ne reste plus que la colère »(Slavoj Zizek)

L’homme en colère peut n’être pas irascible: l’homme irascible peut quelquefois n’être pas en colère. Sauf que Célia ressentait de la hargne, et ne pouvait résister à ce sentiment. Quand elle est en colère, elle compte jusqu’à quatre, lorsqu’elle est très en colère, emportée par le courroux , elle jure ! Elle jure de se venger. Ce qui la console quelque peu, c’est le fait que la colère, ça fait vivre. Quand on n’est plus irrité, on est foutu ! Elle savait que la colère menait à la haine, et que la haine menait à la souffrance. Mais de toute façon, elle souffrait déjà. Son amour-propre avait été touché, lorsque ce lâche qui lui servait de petit ami mis fin à leur relation par un SMS ! Elle était en colère, c’est tout. En deuil. C’est vieux comme le monde. Sidération, culpabilité, colère. La valse à trois temps. La danse de ceux qui restent. Elle savait aussi que l’ire était aveugle et que cela pouvait l’entraîner loin. Mais il lui fallait absolument un sac de frappe et des gants de boxe, sinon elle allait faire un malheur! La parole apaise la colère, mais pas moyen de parler avec ce pleutre, d’avoir des explication. Il était du genre tordu, pas net, alcoolisé souvent. Elle était indignée, en crise, exaspérée, prête à exploser. Et rancunière: cette érudition de la colère. Si tu veux vaincre la colère, elle ne peut te vaincre. Tu commences à vaincre si tu la fais taire. Mais ça c’était hors de question! Tout le monde saurait à quel point ce type était un goujat. Prends garde à la colère d’une femme patiente ! Elle est comme une avalanche qui se brise sur ce qu’elle brise. Une femme en colère est une guêpe piquante. Certes, la colère repose de l’amertume. Et elle en avait à revendre. Selon Paul Michaud : « Une colère justifiée est toujours saine ». Ca épuise vite, mais elle était pleine de ressources…

Chaque personne que l’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. Lorsque l’on est confronté à une perte douloureuse, nous traversons tous, plus ou moins, cinq étapes de peines : le déni, la colère, les négociations, la dépression, l’acceptation. On passe par le déni car la perte n’est pas envisageable, on ne peut imaginer que c’est réel. Puis on s’énerve contre tout le monde, contre nous même. Puis on trouve un arrangement, on supplie, on implore, on offre tout ce que l’on a, on offre notre propres âmes en échange d’un jour de plus. Un jour. Et quand les négociations échouent, la colère est difficile à contenir, on tombe dans le désespoir, jusqu’à ce que l’on accepte finalement qu’on a tout tenté, en vain. Le chagrin peut être une chose que l’on a en commun mais il est différent pour tout le monde. Il vient à chacun en son temps, de sa propre manière, et ce qui est pernicieux en lui, c’est que l’on ne peut le contrôler. Alors, le mieux que l’on puisse faire est d’essayer de laisser nos sentiments comme ils viennent et les laisser partir comme on peut, dans le silence des ombres que sont devenus les autres, au regard de notre souffrance indicible. Combien de fois l’homme en colère nie-t-il avec rage  ce qu’il lui souffre son moi intérieur ? Elle, Célia, le clame et le revendique. Selon le Dalaï-Lama: « Nos véritables ennemis sont les poisons mentaux : l’ignorance, la haine, le désir, la jalousie, l’orgueil. Ce sont les seuls capables de détruire notre bonheur. La colère ou la haine , en particulier, sont la cause d’un grand nombre des malheurs de ce monde, depuis les querelles familiales jusqu’aux plus grands conflits. Ils faut vaincre les colériques par le calme, les méchants par la bonté, les avares ( n’est-ce pas Yohann ?)par la générosité, les menteurs (n’est-ce pas Yohann ?) par la vérité. Tu as du boulot mon grand !

Sache qu’il n’y a rien de pire que le silence… On imagine tout et tout devient menaçant. On n’a pas de prise, même pas un petit bout de réalité pour se mettre en colère. Célia déteste le silence et tant que tu le gardera, elle ne comprendra pas. Ce sont les colères d’une femmes qui radicalisent ses idées et ses opinions; parfois sont-ce ses frustrations et ses impuissances, elles-mêmes alimentées de grandes colères. Tu sais Yohann que la colère s’immisce en toi en un éclair; prends garde à ses effets et au poison qu’elle répand dans ses artères. Quand on est différent on est seul. On ne peut rein faire cotre  ça . Les gens t’adorent au début, parce que tu es différent, tellement pittoresque, puis finissent par se lasser, se lasser de ta différence, de tes contradictions, de ta colère, se lasser et avoir peur. Les gens ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas. Et toi Yohann, tu ne comprends rien à rien! Terrible et difficile à guérir est généralement la colère quand ce sont des êtres chers que met aux prises la discorde. Suis les conseils d’Euripide, « la précipitation ne comporte pas la justice et de calmes discussions le plus souvent amènent avec elles la sagesse. Contiens la fureur de ton regard et les halètements de ta colère ». Prends le téléphone, appelle Célia, et dis-lui ce qui n’allait pas entre vous. Fais-le afin que sa colère retombe et qu’elle atteigne la sérénité. En auras-tu les coronès ? Les gens ont la rage de nous donner ce dont ils ont eux-mêmes le plus besoin. C’est ce que j’appellerai l’insondable abîme de la générosité. D’abord il y a le désir, puis la passion, ensuite le soupçon, la jalousie, la colère, la trahison, quand l’amour va au plus offrant la confiance est impossible, et sans la confiance, il n’y a pas d’amour. La jalousie, oui. Te rendra démon.

Les émotions sot comparables au ciel. Un orage, comme la colère, peut durer longtemps mais pas toujours. La tristesse, comme la pluie, peut durer longtemps, mais pas toujours. La peur, comme le ciel noir, peut durer longtemps , mais pas toujours. Alors cesse-donc de faire ton imbécile et explique-toi !