Devoir versus plaisir: un conflit éternel ?

Le plaisir est l’objet, le devoir est le but. De tous êtres raisonnables. Qui paie le soir ne doit rien le matin selon un proverbe provençal. Le devoir de tout homme est d’être utile aux hommes, surtout en cette période de crise. L’homme est un être fini qui incombe un exigence infinie. Malheureusement, il y a une grande misère dans les hommes, en ce qu’ils savent si bien ce qui leur est dû, et savent si peu ce qu’ils doivent aux autres. Attention sachons avec qui nous devons être généreux pour ne pas nous faire avoir ! Par exemple, avez-vous remarqué que pour la jeunesse le devoir n’est nulle part, mais le droit, en revanche, est partout ? Ils sont bel et bien des déserteurs de la vie, des fuyards de l’obligation; ont-ils honte ? Ils s’en cachent, ils abdiquent, et ont peur. Et pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas d’espérance et que le sentiment de l’irréparable les a envahi et submergé. Ils assistent à la démolition simultanée de toutes leurs espérances les plus modestes. Trop tard, trop tard pour tout ! Cette sentence gravée au plafond de l’enfer, reluit à leurs yeux dans les ténèbres. Devoir implique sacrifice : la charge accomplie, c’est le sacrifice consommé. Aussi quand la convention sociale est en contradiction avec le devoir, le devoir est sacrifié à l’honneur: la voix des hommes parle plus haut que celle de la conscience. Si la vie est une civilité, alors est-ce que le bonheur n’est qu’un prêt ? Peut-on conjuguer les deux ? Là est le dilemme. Quand on mêle le devoir à l’amour, il arrive souvent que l’idée du devoir finisse par absorber l’idée de l’amour. Il est contradictoire que ce qui fut hier n’ait pas été, que ce qui est aujourd’hui ne soit pas il est aussi contradictoire que ce qui doit être puisse ne pas devoir être. Qui plus est, un des devoirs de la vieillesse est de faire usage du temps: moins il nous en reste, plus il doit être précieux. Qui plus est,  la vraie torture c’est d’aimer et d’être aimé(e) en secret. Je m’explique : de devoir taire ce bonheur partagé. De ne pouvoir se confier à personne. De s’interdire de s’en ouvrir à qui que ce soit. D’être une âme sans repos. Il y a aussi ce que l’on nomme « le devoir de mémoire ». Je n’aime pas cette expression. En ce domaine, la notion d’obligation n’a pas sa place. Chacun régit selon ses sentiments ou son émotion. La mémoire est là, elle s’impose d’elle-même ou pas. Il existe si elle n’est pas occultée une mémoire spontanée: c’est celle des familles. On est gêné de devoir répéter que deux demi-vérités ne font pas une vérité, ni deux moitiés de culture une culture ! Franchement, la notion de devoir, du point de vue historique s’entend, fut un moyen qu’ont employés les puissants pour amener les autres à consacrer leur vie aux intérêts de leurs maîtres plutôt qu’aux leurs. La notion de devoir est-elle égoïste, un pur moyen de manipulation ? Les devoirs de société nous dévorent notre temps, et le temps est le seul capital des gens qui n’ont pas que leur intelligence pour fortune. C’est une forme d’exploitation, ni plus ni moins.

Il est vrai que l’oisiveté engendre le plaisir et le plaisir détourne, petit à petit du devoir. Quand je paie une dette, c’est un devoir que je remplis, quand je fais un don, c’est un plaisir que je me donne. On ne devrait pas vivre que pour la complaisance. Rien ne vieillit comme le bonheur. Le plaisir des grands est de faire des heureux. Soyons généreux envers ceux qui n’ont rien et ne leur tournons pas le dos ! Faites plaisir à ceux que vous aimer et faites honneur à ceux qui ont eu foi en vous. Contre tout ce que l’on souffre en ce moment, que ferait une ombre de plus ou de moins ? Beaucoup ! Mais vivez, aimez, c’est aussi la sagesse : hors le plaisir et la tendresse, tout est mensonge et vanité. L’agrément est le commencement et la fin de la vie heureuse. Voyez-vous, les plaisirs de la vie se présentent comme les bords de l’océan: de trop haut l’on ne voit pas d’écueils; de trop bas on ne voit que des écueils. Ce que je veux dire c’est qu’une vie sans amour et remplit de devoirs est une vie sans plaisirs. L’épicurisme de la vie appartient à qui sait le saisir : dépêchez-vous! Selon Joseph Joubert : »la vie est un devoir dont il faudrait tâcher de se faire un plaisir, comme de tous nos devoirs ». Résignez-vous à la vie dans laquelle le hasard vous a mis; livrez-vous aux plaisirs, faute de bonheur. Seulement que la source de votre plaisir ne devienne pas la cause de votre malheur ! Mais soyons logique : la vie s’use souvent plus dans la concupiscence que dans les peines. Cette vie futile, ces plaisirs frivoles, je ne m’étonne pas qu’ils vous lassent, employez votre jeunesse à des entreprises glorieuses. Céline écrit : « tout devient plaisir dès qu’on a pour but d’être seulement bien ensemble ». Je sais et vous savez, que nous nous devons de rester chez nous en ce moment de crise sanitaire. Mais profitez-en pour vous rapprocher de vos proches : enfants, parents, frères et sœurs. Le plaisir n’est que ce que l’on prête, mais la vie est ce que l’on donne. Là où manque le plaisir de vivre, tout le reste en comparaison ne vaut pas l’ombre d’une fumée. Ne cherchons pas le bonheur d’autrui. Mais enchantons-nous du plaisir égoïstement de faire plaisir. Jean Anouilh écrivait : « quel étrange plaisir de réaliser ses mensonges ! » Nous n’irons pas jusque là ! Il semble que le plaisir soit fugitif, et non le bonheur.

Enfin je finirai ce texte en vous assurant que c’est d’écrire qui est un véritable plaisir: être lu n’est qu’un plaisir superficiel.

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