Nous n’avons pas les mêmes valeurs !
« La valeur d’un homme tient dans sa capacité à donner et non dans sa capacité à recevoir » (Albert Einstein).
13H32 à l’aéroport de Roissy, Paris-Charles de Gaulle. Eden posa ses valises Jump rouges. Harassée par le voyage, ces bagages étaient bien trop lourdes pour elles. Mais malgré son petit gabarie, elle n’en était pas moins une jeune femme séduisante… Elle venait de passer cinq ans aux Etats-Unis, à Douglasville, non loin d’Atlanta. Or son époux américain et elle venaient de se séparer. Dans la mesure où Eden s’était expatriée par amour, elle prit la décision de revenir en France. Et ses parents de l’accueillir chez eux. En effet, ils décidèrent de loger leur benjamine en attendant qu’Eden trouve un appartement agréable et bien à elle sur Paris. Elle pensait qu’elle allait alors pouvoir souffler un peu, mettre ses soucis de côtés et retrouver une certaine sérénité, cellule de l’âme. En sachant que la sérénité va de pair avec le fait d’accepter les gens tels qu’ils sont et de se concentrer sur le positif…
Ses parents étaient en retard. Elle imagina alors qu’ils étaient perdus dans le labyrinthe de l’aéroport parisien. Un vrai dédale ! Pourtant elle leur avait demandé instamment de l’attendre dans le hall d’accueil. Au bout d’une demi-heure, Eden sortit son téléphone :
« - Allô ! Maman ? (son père ne répondait jamais au téléphone !)
-Oui, Eden, où es-tu ?
-Comme convenu, maman, dans le hall d’accueil et vous, où êtes-vous ?
-Et bien…. Euh… Nous voulions te faire une surprise, t’accueillir directement à la porte de débarquement… Et…. Comment dire ?
Eden l’interrompit :
-Vous êtes perdus, n’est-ce pas ?
-J’ai suivi les conseils de ton père et voilà… »
Nonobstant, ceux-ci étaient arrivés largement en avance. D’ailleurs, ils sont toujours en avance pour tous rendez-vous. Selon Diane De Beausacq : « On arrive en avance, à l’heure juste ou en retard selon qu’on aime, qu’on aime encore ou que l’on aime plus ». Dans ce cas de figure, leur intention touchait la jeune femme. Toutefois, sachez qu’être en avance à un rendez-vous peut-être très mal vécu ou interprété par autrui, et même faire preuve d’impolitesse !
Deux heures plus tard, Louise, la maman d’Eden, et la jeune femme traînaient avec peine les trois grosses valises rouges jusqu’à leur porche. Car Paulo, son père, était déjà à l’intérieur de la maison, se précipitant sur la télécommande, allumant la télévision, le son au taquet, s’installant devant dans le canapé. Il mit la chaîne de la pétanque ! Il ne se souciait que peu du labeur des deux femmes, car à cause de leur « promenade » à l’aéroport, il avait manqué presque l’intégralité du tournoi… Et dans son coin, il pestait ! Quel ennui d’avoir besoin de la complaisance de certaine personne ! Par goût, elle jetterait les clefs de la maison à la tête de son père, mais la politesse envers les impolis était alors encore plus sage qu’autre chose. Graissons plutôt la patte à l’ours, et gardons notre mépris in petto. Paulo était à la retraite depuis un bonne dizaine d’année et elle se dit que l’ennui le rendait impoli, brutal, et que pour un rien l’ennui le rendait féroce.
Elle resta seulement trois semaines chez ses parents. Car Eden, qui n’avait cessé de visiter des appartements, ne se sentait guère chez elle chez Louise et Paulo. En effet, les affaires d’autrui n’étaient pas les siennes, la jaune femme, sage, se renfermait dans ce qui la concernait. Une trop grande curiosité est une très grande impolitesse, et souvent la marque de beaucoup de prudence. Elle avait trouvé un duplex dans le dixième arrondissement et prépara précipitamment son emménagement.
Car son père commit plusieurs impairs durant son séjour chez eux. Un jour, ils se disputèrent : le son de la télévision empêchait Eden de converser avec sa mère durant le dîner. Et oui, la télévision était allumée du matin au soir ! Pour finir, ce père de famille dit à sa fille :
« -Toi, je vais te dégager ! » Et poursuivit par un « Vas te faire foutre ! »
Outrée, elle garda le silence, se leva et partit se coucher, le ventre vide. Dommage qu’au lieu d’aller laver les insultes sur le pré on n’y sèche plus que le linge. Et sa mère de garder le silence. Mais aux yeux d’Eden, ce manquement n’avait pas la même signification que son mutisme à elle : sa mère n’osait prendre parti, ne voulait se retrouver entre son mari et sa fille, refusait de « se mouiller »! Pour la jeune femme, Louise avait renchéri. Les insulteurs sont-ils responsables de leur insulte ? A peine. Pour être responsable il faut être intelligent (Victor Hugo). Or, Louise et Paulo avaient vieilli, très mal vieilli. Ils semblaient prisonniers de leurs petites habitudes, esclaves de la télévision (rien de mieux pour combler le silence), faisaient chambre à part : ils vivaient en colocation et ne supportaient personne. Même pas leur propre fille ! Ils étaient devenus égoïstes, médisants et pessimistes. Mais pour tout vous raconter en détails, il faudrait en écrire un roman !
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