Ne faisons plus qu’un !

Y. la regarda tristement, si tristement ! Selon V.Hugo : « Si tu veux pleurer, pleure; si tu veux espérer, prie, mais de grâce, ne cherche pas de coupable là où tu ne trouves de sens à ta douleur. N’est pas un homme celui qui ne pleure pas. Est un homme celui qui assume de pleurer. Celui qui pleure ses peines en reste captif ». Y; avait besoin de s’épancher, de pleurer, de se soulager et d’exprimer sa douleur, laissa sortir ses sentiments et exprima ce qu’il ressentait alors: un mélange de peurs, de rancœurs, de chagrin, de douleur. Aussi était-elle là pour essuyer ses larmes. Elle aurait aimé embrasser chacune de ces larmes salées et lui faire oublier ses tourments. On ne pleure pas par faiblesse, on pleure parce que l’on a mal!

Puis ils se mirèrent. Elle se perdit dans ses petits yeux noirs et crut un moment défaillir, mais une force surhumaine l’empêcha de baisser le regard. « Les yeux, eux, voient. Le coeur dit, vas-y. Les pieds vont, et le coeur finit par pécher. Les ondes sont toujours aussi grandes que la mer. Même si tu ne sais pas où aller, continue à marcher, cela est ta part »(Sivi le poète). Les yeux dans les yeux, ils ne faisaient plus qu’un. Il faut croire que derrière chaque difficulté se cache une belle opportunité. Elle pouvait lui ouvrir les yeux si son coeur pouvait comprendre son atavisme.

« -Il y a encore une chose que je voulait faire! », lui avoua-t-il d’un ton sec qui la fit tressaillir.

Il mit ses mains autour de son visage, et le regard toujours aussi triste… il l’embrassa. Si tendrement ! Aussi tendrement que tristement ! Et elle lui rendit son baiser. Ils s’embrassèrent à n’en plus finir comme si le temps s’était soudainement suspendu ou comme s’il fallait absolument qu’ils rattrapent le temps perdu.

Les choses étaient si naturelles. Il commença à l’effeuiller : elle se retrouva en sous-vêtements dans la cuisine, nue dans le salon, pour finir alanguie dans la chambre. Et en le déshabillant, elle s’aperçut avec stupeur qu’il portait une pompe à insuline ! Y. était certes diabétique, mais au point de porter une pompe ! Que s’était-il donc passé tous ces mois sans se voir ? Il lui avait confesser en avoir chié ! En avoir vraiment bavé ! Mais elle était bien loin de la vérité.

Ni une, ni deux, il ôta la pompe à insuline sous ses yeux ébahis…

« -Je peux rester deux heures sans cette merde », lui souffla-t-il doucement à l’oreille. Dans le feu de l’action, elle ne s’inquiéta pas. La seule préoccupation de Y. était qu’elle lui enleva sa chemise, « quitte à la lui déchirer ! » La tension entre eux était palpable, électrique, tremblée. Ils avaient envie l’un de l’autre et ne voulaient plus lutter pour ne pas se le montrer. Et ils firent l’amour à en perdre haleine. Le temps ne comptait plus, l’insuline non plus. Enfin, ils ne faisaient plus qu’un. Enfin, elle se sentait bien. Aimée, choyée, embrassée, bercée par celui qu’elle chérissait tant. Elle lui appartenait entièrement. Et elle n’en finissait plus de l’embrasser, de prendre son fin visage aux creux de ses mains, et de l’étreindre, de l’enlacer, de le caresser, de le serrer contre elle.

Pour finir, sa chemise était en lambeaux, ses affaires à elle, éparpillées, la pompe à insuline par terre… Elle frissonna et s’agita soudainement.

« -L’insuline Y ! Ton insuline ! cria-t-elle, en exultant un dernier spasme de plaisir. Il faut croire qu’aimer, c’est constamment faire l’amour, jusqu’en paroles. Elle l’avait tellement désirer, avait eu tellement envie de sentir ses mains sur son corps, tellement envie de l’embrasser, en commençant par la bouche, en descendant dans le cou… Que le retour à la vie réelle fut dantesque.

-Ne t’inquiète pas pour ça. De toute façon, c’est toute une technique pour la remettre. Je vais aller m’acheter un paquet de Malboro et je la remettrai après » lui lança-t-il, d’un ton calme et détaché.

Que s’était-il passé pendant ces longs mois de séparation ? Pourquoi la santé de Y. s’était-elle désagrégée à ce point-là ? Elle était perdue et culpabilisait énormément. Y. connut l’Enfer et ses larmes étaient tout sauf veines. La solitude, les responsabilités, les addictions, le diabète… elle ! Trop ! Ce fut trop !

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