A Fleur de peau
Gabin était filiforme. Mince, mais Lucile n’irait pas jusqu’à dire « maladif ». Et pourtant, il était diabétique. Quatre piqûres d’insuline par jour ne suffisaient plus. Il lui fallait porter un cathéter. Cela faisait mal à Lucile et parfois lui donnait envie de jouer à l’infirmière. Mal de le voir porter ce fichu cathéter. Mais puisqu’il le fallait absolument. Soit ! Cela ne l’empêchait pas de respirer la sexytude. Il avait un visage parfaitement symétrique. Brun aux yeux ténébreux. Quelque chose d’infantile dans son regard. Pour elle, la plastique ne suffisait pas à la séduire. Mais le regard de Gabin allait au-delà de ses critères, dépassait tout, dévastait ses convictions. Lorsque l’on le regardait, c’était un tout. Lucile ne savait pas quoi regarder en premier. L’allure générale, le visage, le regard…. Les fesses ! Tout concordait vers ce regard ! Quant à l’allure générale, sa façon de bouger, d’occuper les lieux, on aurait dit que Gabin embrassait l’espace. Vêtu d’une chemise grise et d’un pantalon noir, il avait la classe. Celle du juriste qu’il était. Homme de droiture, d’éloquence, de componction…. Mais l’incertitude de la balance lui faisait défaut et lui menait la vie dure. Il avait le physique du gentleman mais l’attitude du mauvais garçon. Tout était une question d’équilibre. Son regard noisette, pour en revenir là, était un savoureux mélange de vert, de brun et d’or qui semblait différent en fonction de la lumière. Ce sublime regard changeait constamment. Tout comme l’homme. Un jour, il déclara à Lucile son Amour et un autre jour, plus sombre, il se repentit ! Premier signe qui rentre dans la saison de l’automne, Gabin arborait un signe cardinal. A moitié réveillé et à moitié endormi… LOL… La nature est alors pourtant à son équilibre. Son but dans la vie est-elle vraiment de trouver la plénitude, une harmonie parfaite ? Gabin veut faire de son monde un monde à son image, conciliant et rempli d’amour. Sa couleur était le rose pastelle, la grâce et la charme étaient ses atouts principaux et son astre rien moins que « Vénus », la déesse de l’amour. Il était vrai que Gabin savait comment s’apprêter afin de séduire la gente féminine. Il était charmant et séduisant de nature. Lorsqu’il rentrait dans une pièce, celle-ci s’illuminait car il dégageait un charme instantané. Et au-delà du physique, il savait trouver les mots justes pour envoûter son auditoire par ses paroles, cherchant toujours le compromis et l’acceptation de tous. Son sens aigu de la justice serait heurté si l’on bousculait ses valeurs et ses principes. Saturne, Cronos, symbolisant le manque d’amour et la mélancolie, faisait son côté sombre. Seul ou enfermé dans une relation toxique, Gabin prenait le risque de s’imprégner de la toxicité des gens négatifs qui gravitaient autour de lui. Et Dieu sait qu’il y en avait. A commencer pour sa charmante ex-femme, Salomé. Plus toxique, tu meurs ! Elle, Gabin, t’aurait entraînée dans sa chute. Tu as donc bien fait de te séparer de Méduse à temps ! Toi, Gabin, balance, tu te devais de t’entourer de personnes positives qui te pousseraient vers le haut. Il incarnait un signe de l’élément de l’air, signe communiquant, il aimait l’interaction avec les autres. Les rencontres, les interactions avec autrui l’aidaient à se structurer. Ce qui le motivait : la liberté ! Il la cherchait dans son travail, dans ses relations amicales, dans ses amours…. Il semblerait que l’amour soit son leitmotiv. Il cherchait à le vivre tous les jours et s’il en était privé, alors il se fanerait. Il avait besoin d’une personne qui le pousse vers le haut. Ce qui était terrible avec Gabin c’est que lorsque tout allait bien, il rayonnait. Mais lorsque quelques rouages venaient bloquer son ascension vers le bonheur, c’était la solitude qui le guettait. Ce qui l’aimait ? Il aimait la beauté, et cette beauté il la trouvait dans l’harmonie. Ce qui était important pour lui était son équilibre de vie et son confort. D’où une grande paix intérieure. En revanche, il ne supportait pas le désordre. Heureusement, la musique venait adoucir ses mœurs ! Elle le confortait dans cette quête de paix intérieure et extérieure. La laideur et le chaos le mettaient hors de lui. Vous allez me dire : qui aime la laideur et le chaos ? Personne ! Mais lui particulièrement détestait ça. Son harmonie en était complètement déstabilisée. Les conflits aussi mettaient en danger cette harmonie qu’il cherchait. Parfois il préférait les fuir plutôt que de les affronter. Mais si son intégrité et son sens de la justice étaient alors percutés… Là : c’était l’explosion ! Heurté au plus profond de lui-même, et telle une cocotte-minute, Gabin explosait. De même, il avait du mal avec l’impopularité et avec le rejet. C’était sa grande angoisse. Il aurait été capable de sombrer dans une dépression…. Il fallait qu’on l’aimât ! Et Dieu sait que Lucile l’aimait… A cœur vaillant, rien n’est impossible. Alors il relevait la tête et il fuyait la solitude, car celle-ci ne lui réussissait pas. Cet homme était replu de qualités : il était courtois. C’était une « bête sociale ». Il brillait et devenait rapidement le leader de la conversation. Tous se délectaient de ses mots et de ses réflexions pertinentes. Sa culture et lui ne faisait qu’un. Et son côté cultivé enchantait la jeune femme. Il en avait dans la tête, mais aussi dans le cœur. Car il aimait les gens et les gens l’aimaient. Très patient, il n’aimait pas contredire les autres. Il faisait partie des gens qui favorisaient le dialogue et qui pensaient qu’avec le compromis, on avançait. Malheureusement, Gabin était parfois le grand perdant de ce compromis et sa trop grande générosité pouvait lui jouer des tours. Son physique, son charme naturel atteignaient les cœurs. De nature charmante et gracieuse, Gabin avait tout d’un séducteur, sans artifice et sans en faire trop. Son sens du goût l’aidait à bien s’apprêter pour plaire. En revanche, ce bellâtre avait aussi quelques défauts. Trop hésitant, cela pouvait agacer. Que ce soit sur de toutes petites décisions, comme sur de grandes. Bref, la peur de l’abandon pouvait lui porter préjudice : car il pouvait rester dans une relation toxique de peur de la solitude. Aussi son côté charmant entretenait son côté narcissique. Non, Gabin, tu n’es pas le Centre de l’Univers !!! Mais avouons que son ego mis de côté le rendait plutôt accessible. Comment se comportait-il donc avec autrui ? En amour, Gabin était facile à vivre et ce trait de personnalité était adoré de ses conquêtes. Mais lorsqu’il y avait un conflit qui se profilait à l’horizon : il préférait le fuir plutôt que de l’affronter si le dialogue, bien sûr, ne pouvait interférer. Ce qui le mettait en danger et mettait aussi en danger son couple. Il savait attiser la flamme avec sa partenaire mais aussi attisait les jalousies. Les attentions, les gestes romantiques étaient la base d’une relation saine pour Gabin. Aussi, il avait besoin d’une transparence absolue. Si sa partenaire venait à lui cacher certaine chose, il en souffrait mais dans le silence. Comme, lui, se livrait à 100%, Gabin attendait que sa compagne agisse de même. Signe d’air, il avait besoin d’interagir. Sa vie sociale était donc à son image : fluctuante. En amitié et en famille, il jouait souvent le rôle d’arbitre dans les conflits, car l’on aimait son honnêteté, son intégrité. Néanmoins, lorsque l’on lui confiait quelques choses, il était difficile pour lui de tenir sa langue. La tentation était trop forte et cela lui portait préjudice. Il voulait partager l’information et que tous soient au courant, car selon lui tout le monde avait le droit de savoir. Et les ennuis commençaient ! Au travail, il se mettait en danger car il avait une fâcheuse tendance à dire « oui » à tout. Croulant sous les demandes, il ne pouvait plus faire son travail : s’il faisait effectivement celui des autres, comment faire le sien ? Gabin aimait être valorisé, et aimait aussi le travail d’équipe. Il était la personne qui soudait le groupe. Mais sa motivation d’attirer la lumière attisait les jalousies. Enfin au lit, Gabin recherchait d’abord une connexion mentale plutôt que physique. La chambre à coucher n’est-elle pas la manière la plus passionnelle de se faire aimer ? Gabin était un amant généreux. Faire plaisir lui donnait du plaisir. Il était comblé lorsque l’alchimie était complète durant les ébats. Si sa partenaire ne prenait pas de plaisir, il aurait aussi du mal à en éprouver.
Et avec Lucile, il n’y avait aucun risque à ce niveau-là ! L’alchimie était parfaite. Signe de feu, Lucile Fabre était un combustible à elle seule !
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