Suis-je invisible ?

J’ai beau t’écrire, tu fais celui qui ne voit pas, qui ne sais pas, qui ne perçoit rien! Suis-je transparente tout comme mes messages ?… Et pourtant, la diaphanéité n’émane pas d’eux, n’était pas une de leur caractéristique.

Tu ne vas pas me faire croire que tu es passé à côté de X messages limpides sur un réseau social qui affiche ta photographie lorsque tu écris dessus. Est-ce toi qui m’évinces ? Ou quelqu’un d’autre ?

Toi qui lorsque l’on était en couple prônait la transparence ? N’est-ce pas ironique ? En fait, pour toi une communication franche permettait au couple de voir plus clair et d’identifier des solutions. Aujourd’hui nous ne sommes plus en couple, mais tu me prouves le contraire. Un mur de Berlin s’est érigé entre toi et moi , le « mur de la honte » pour les Allemands de l’ouest et par moi. Sais-tu ce que fait l’indifférence sur une personne aussi fragile que moi ?! Ton apathie, ton insensibilité, ta froideur me consument. Comme c’est cruelle de rester de marbre lorsque l’on annonce un décès. Ton anosodiaphorie me glace le sang. Je pensais que l’on avait tisser des liens défectibles, mais je me suis bien leurrée. Comme sur toi. Tu n’es plus du tout l’homme que j’ai aimé et que j’ai respecté. Ton égoïsme prend le pas sur toutes les valeurs qui nous tenaient à cœur. Ton désintérêt, ton ataraxie me laissent perplexe.  Je ne connaissais pas ce P. là et franchement tu serais venu me voir il y a quelques années muni de cette équanimité, je ne t’aurais même pas calculé. Tu représentes aujourd’hui tout ce que je déteste: la hauteur, le manque de compréhension, l’amour-propre (rien pour ton prochain), de l’autolâtrie en voici en voilà. Les autres ne t’intéressent plus, ton cœur est fermé. Tu es une mauvaise personne et jamais je n’aurais pensé le dire un jour de toi!

Un jour, tu as été secoué car je suis descendue d’une voiture en marche pour venir en aide à un vieillard qui était tombé sur le bas côté : où est passé ce type ? Car moi je n’ai pas changé, ça je le referrai et tu le sais très bien. Tu t’es endurci mais pas dans le bon sens du terme. Tu portes dorénavant ton entière exclusivité à ta petite personne. As-tu décidé de mettre des œillères ? Est-ce que cela te rend plus heureux ? Pour être heureux ne voyons pas, n’écoutons pas et ne parlons pas. Oh là, tu ressembles à s’y méprendre aux petits singes. Non sans blagues, politiquement incorrect, l’égoïsme est un défaut qui gagnerait à être mieux connu, et surtout mieux apprécié pour ses qualités non négligeables.

L’art d’être égoïste ou comme l’écrivait Gustave Flaubert « être bête, égoïste et en bonne santé; voilà les trois conditions requises pour être heureux », mais sa correspondance de fin de vie montrera qu’il regrettera ensuite ce genre de déclarations anti-bonheur. Ou bien, c’est un problème de définition de l’égoïsme: s’aimer et tenir compte de soi et vouloir vivre heureux, ce n’est pas de l’égoïsme. L’égoïsme, le vrai, c’est de ne pas tenir compte de l’autre, toujours le faire passer après soi. Alors, au contraire, cet égoïsme ferme la porte au bonheur, condamne à de petits plaisirs mesquins matérialistes, au goût amer de la solitude. Comme ceux d’un enfant qui a tous les jouets, écarté ses copains, et qui se retrouve tout seul pour jouer à quoi ? avec qui ?

Le bonheur étouffe l’égoïsme: toutes les études montrent que plus on est heureux plus on a envie de se tourner vers les autres, de partager. Et que beaucoup de bonheurs viennent des autres: affections, amitiés, amours… Ces envies d’égoïsme viennent parfois à celles et ceux qui ont trop donné et qui ne perçoivent qu’indifférence et ingratitude. Ils se disent alors « eh bien, puisque c’est ainsi, je vais devenir plus égoïste ». Erreur et risque! Sinon on finit comme toi !

Mieux vaut se dire : »Non, continue de donner, mais sans te sacrifier, et sans attente en retour. Donne parce que cela te rend heureux et que c’est ton boulot d’humain de donner et de partager. Mais ne deviens pas autolâtre, pas avare de toi-même et de ce qu’il y a de bon en toi…. »

Sinon tu finiras comme lui…