Ton silence me tue…

Cher P., ton silence me persécute, me martyrise, m’opprime. Nous avons échangé quelques nouvelles il y a quelques mois, où tu m’apprenais que tu allais être bientôt propriétaire. Je t’ai félicité et les choses en sont restées là. Ton mutisme, ce calme me dérangent. Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence… Sais-tu que dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel: on dit aussi que le silence est un aveu. Il est criant. L’interprétation du silence comme aveu, c’est-à-dire comme acceptation de l’accusation exprimée par la question apparaît donc comme une exception, ou un renversement du sens de la règle: après l’accusation, c’est son rejet, une protestation d’innocence, qui représente la réponse hiérarchiquement première, et un silence ou son inarticulé signifie doute de l’accusé sur son innocence, oriente sa réponse vers l’acquiescement à l’accusation, c’est-à-dire l’aveu. Pourquoi ton silence, le fait d’avoir disparu de WhatsApp, de discussions SMS, de Facebook est-il si puissant ? Oui, parfois le silence a un bien plus grand pouvoir que la parole. Il permet d’avoir la main dans certaines situations de conflits ou de négociation. Il permet à l’autre de projeter et à toi de l’observer et de comprendre ce qui l’habite. Enfin il permet de ne pas constamment livrer à autrui ton mode d’emploi.

Quand le silence parle plus que les mots ? Oui, parfois garder le silence raconte plus que les mots. Les mots que l’on n’a pas dits sont les fleurs du silence. Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence. Mais sache que quand il y a le silence des mots se réveille la violence des maux. Certes il y a un moment où les mots s’usent. Et le mutisme commence à raconter. Simon Lafage disait ; »Si tes mots ne sont pas plus beaux que le silence alors ne les prononcent pas ». Les mots du silence sont des mots très rares qu’on ne trouve dans aucun livre, qui restent longtemps coincés dans la poitrine, qui se glissent parfois jusque dans la gorge mais n’arrive pas jusqu’à la bouche. Les mots du silence ne sont pas faits pour être entendus avec les oreilles ou encore lus. Les mots du silence se murmurent avec des gestes infimes et des mimiques immobiles, ils se lisent avec les yeux fermés, et s’écoutent avec le cœur, se gardent au plus profond de soi dans la douceur des émotions.

Pourquoi gardes-tu le silence ? Dans une relation, quelle qu’elle soit, le silence est souvent une autre façon de communiquer lorsque le ressenti est difficile à exprimer, et ce qu’il s’agisse d’un moment de bien-être ou de mal-être. Il peut aussi être utilisé quand on a peur d’être incompris, et ainsi éviter tout malentendu. Quelle réaction dois-je donc adopter face au silence de l’autre ? Il est parfois difficile de composer avec. Face au silence de l’autre, il n’est pas toujours facile d’avoir la réaction adéquate. Signe de douleur, de refus, il peut aussi être signe de bien-être. Que signifie ton silence, P. ? Voilà une question complexe ! Il me faudrait comprendre mieux ton caractère du moment afin de découvrir ce qui se cache sous tes silences et d’apprendre à gérer la situation comme il faut. Contrairement aux idées reçues, le mutisme est bien une forme de communication, mais comme son sens est très profond et variable, on ne l’interprète pas toujours comme il faut. Lors d’un conflit, le silence est aussi une forme d’attaque: on refuse de s’exprimer pour déstabiliser l’autre, parfois pour être certain que ses mots ne seront pas utilisés contre soi, ou tout simplement car on ne souhaite pas laisser envahir par les émotions en parlant; le silence devient alors la forme de communication la plus rationnelle. Et pour être rationnel, tu es rationnel !

Comment dois-je réagir face à ton silence ? Selon nos caractères et notre état d’esprit, ce mutisme peut vite nous faire sortir de nos gonds ! Or nous devons apprendre à respecter le silence, à comprendre qu’il s’agit d’un mode de communication qui va au-delà des mots. Mais comprends-moi, cela est parfois très complexe. Pourquoi te mures-tu dans le silence ? Toi qui est venu vers moi il y a quelques années… Je suis déstabilisée par ce silence, mais je le respecte tout comme je respecte la parole. Comment dois-je le prendre ? Comme un affront ? Dans tous les cas, si tu décidais de me reparler, je ne t’ai bloqué nulle part et tu pourras ainsi faire le premier pas. Même si c’est très douloureux pour moi, je peux comprendre ce renfermement. Maintenant, nous sommes adultes et je pense qu’il faut savoir se dire les choses. Alors je t’attends…

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