Pascal, pardonne-moi ! Pardonne au personnage de papier vidé de ses organes et jeté dans le néant!
Pascal, j’implore ton pardon. Tu me manques tellement. Tu as créé un vide dans mon existence, ton absence me pèse. Rien que nos discussions me manquent. Je t’ai retrouvé sur Facebook et te revoir si épanouie avec Hienna me monte les larmes aux yeux. Je t’ai tendu une main sur ce site, prends-la s’il te plaît. Je me sens vide depuis le 26 avril 2023, date de notre dernière discussion. Quand un gouffre nous ronge de l’intérieur, rien ne va plus. On dit que se sentir vide est associé à la tristesse, à la peine. Ce sentiment est souvent dû à une rupture du quotidien. Et mon quotidien, c’était de t’avoir à mes côtés. Depuis quelques mois, je ressens l’abandon, la solitude est une sensation de rejet. Tu me rejettes. Un sentiment qui se situe dans le ventre et le thorax. Tu me fais mal. Ton absence est douloureuse. Normalement nous sommes plein de ressources et notre instinct comble ce vide. Mais tu es trop important dans mon existence pour que ce manque soit comblé d’un claquement de doigts. Le vide. C’est quand les autres nous manquent sans que nous réalisions ou n’ayons le désir de combler ce manque. C’est un sentiment douloureux. Peut-être que mon témoignage peut servir de futures recherches empiriques… Lamprell (1994) écrivait que définir précisément le sentiment de vide pouvait « se comparer au fait de chercher un interrupteur dans une pièce sombre dont nous ne sommes pas familier », montrant ainsi le tâtonnement des chercheurs. Mais le sentiment de vide que tu as créé chez moi ne peut être défini que par des périphrases, des comparaisons ou des métaphores. Être « un arbre creux » ou un « bloc de glace », voire « une pierre », voilà des figures de style condamnées à saisir ce sentiment. Autant de tentatives poétiques pour révéler l’essence d’un sentiment qui ne se fige pas sous l’écorce d’un signifiant. Une chose est certaine, ressentir le rien, ce n’est pas ne rien ressentir. Cet état transitoire ou malheureusement devenu chronique les jours passant jusqu’à devenir une composante de l’image de soi. Ce sentiment, Pascal, est douloureux et est démontré par la somatisation. S’il est chronique, cela signifie que ce vide est douloureux. Le vide n’est donc pas une absence de sensations, ni de sentiments. Toutes descriptions montrent que le vide n »est pas une absence d’affect: « Le vide est douloureux. En faire l’expérience c’est endurer la détresse » écrit Hazell (2003). Le vide se manifeste par les sensations corporelles qu’il provoque. Il est présent au niveau du ventre ou du sternum. Parfois il se manifeste par une forme d’épuisement, perdant soudainement toute énergie, ayant l’impression d’ « être vidé » et sombrant alors dans une hypoactivité, « un engourdissement physique » voire une apathie. A cela s’ajoute la sensation que l’on « se creuse » en soi et que l’on « est aspiré, comme peut-être par son propre néant. Je pense que la peur ultime est de disparaître dans le néant. Celui que tu as créé en me tournant le dos. Cette explosion interne achève de me déposséder de toute consistance. Le vide engourdit toute vie comme un trou noir qui avale la lumière, m’entraînant vers mon centre qui est un puit sans fond, aspirant tout sur son passage, jusqu’à l’essence de l’être même. Ton absence me pèse et le vide ressenti fait que le corps est là mais il semble vidé de ses organes. Je peux évoqué l’image d’une montagne sans cailloux, sans herbe, sans terre, juste la forme extérieure! Parfois je me vois comme un désert complet avec un corps qui est là, mais sans rien dedans ou « un arbre creux », pouvant avoir l’impression de ne plus avoir d’organes. Ces sensations de creux profond font de moi un personnage de papier. Lorsque je me lève, je sens que je peux me désagréger à cause de cette impression. Je pense que la peur ultime est que je disparaisse dans le néant. Je suis terrifiée par ce sentiment difficile à décrire. Et je ressens un sentiment de vide dans le ventre qui se met à irradier dans tout le corps. Comme si je sentais que quelque chose d’horrible allait arriver, il y a de la non existence là! C’est terriblement terrifiant! On peut en conclure à une peur viscérale de juste disparaître dans le néant. De l’absence de contenu, on passe à l’absence de contenant. Le sentiment de vide semble donc une désubstantialisation de soi-même, durant laquelle on peut se sentir par son propre néant. Je deviens alors un vivant tonneau des Danaïdes. Ton absence m’a ôté une partie de moi, de mon intérieur. La vie qui m’entoure, sans nourriture vitale adaptée, j’en viens à ressentir un sentiment de mort. « C’est l’absence de vie ». Je me sens morte de l’intérieure, comme si je n’étais plus vivante… Mon corps est vivant, mais mon corps et mon âme à l’intérieur non. C’est la douleur de l’absence d’affects. Une mort des ressentis internes. Tu m’as été enlevé, je t’ai perdu. Le corps reste vide d’émotions.
Bjr Liloum, J’ai lu quelques uns de vos textes. Vous souffrez de cet amour perdu, c’est évident, vous l’exprimez clairement. Vous soulignez ce qui faisait la force de votre union, et de fort belle manière le plus souvent. Vous vous battez, car parfois il faut se battre pour sauver l’amour. Votre ancien partenaire ne semble pas l’entendre. Ne le jugeons pas, il a ses raisons, probablement. J’ai, tout comme vous, longtemps lutté pour retrouver celle que j’aimais (et que j’aime toujours, inutile de le cacher). Lettres, poèmes, déclarations, travail sur soi et réelle remise en question. Tout cela en vain, sans vouloir vous effrayer. Je me garderais bien de vous apporter mon éclairage. Je me contenterais de vous témoigner, au delà de ma sympathie, mon profond respect pour votre action. Poursuivez-la, si votre cœur l’ordonne;, mais de grâce, gardez aussi une part de respect pour vous-même.
Salutations
Thierry
Oui c’est un fait.